Après avoir sillonné la France avec le maillot cristolien dans son sac, c’est désormais équipé d’un calepin que Samir Amirèche continue de parcourir le football hexagonal. Devenu observateur-recruteur pour l’USCL, l’ancien capitaine des Béliers nous livre son analyse sur l’effectif cristolien avant de nous expliquer la façon dont il mène sa nouvelle mission.
Samir Amirèche : La cellule recrutement a constitué un groupe avec des joueurs de qualité et l’effectif est plutôt bien équilibré. Il y a des joueurs déjà confirmés comme Jean-Michel Lesage, Helder Esteves, Ali Boulebda ou Richard Trivino et des jeunes joueurs comme Sony Dubeaux, Noui Laïfa, Yann Kerboriou, William Rémy, Djiman Koukou ou Sami Marzougui. Mais le fait que ces joueurs soient en devenir ne doit pas être une excuse pour eux. On ne leur interdit pas d’exploser tout de suite, au contraire ! Ce sont des joueurs comme les autres, le club souhaite qu’ils arrivent à leur meilleur niveau le plus rapidement possible. Car il ne faut pas faire de langue de bois, on ne peut pas dire que nous sommes super bons alors que nous sommes dans le ventre mou.
USCL : Selon vous, quel profil manque-t-il à Créteil pour accrocher une meilleure place ?
SA : Notre équipe est équilibrée, mais je pense que sur cette première partie de saison il nous a manqué un point d’ancrage devant. Un attaquant puissant dans le style de Titi Buengo, le genre de joueur capable de garder la balle et de remiser pour nos milieux de terrain. Ce type de joueur incite les équipes adverses à jouer plus bas et mobilise plus de défenseurs. Cela aurait laissé plus d’espaces à tous nos créateurs qui auraient eu plus de solutions dans les combinaisons. Et puis à l’extérieur, quand tu es dominé, un joueur sur qui tu peux jouer long et qui peut conserver le ballon, ça soulage toute l’équipe.
USCL : Nous approchons de la trêve et de son traditionnel mercato hivernal. Le club a-t-il l’intention de recruter ?
SA : Le profil qui nous intéresse est celui que je viens de décrire : un bon avant-centre, athlétique et rapide. Un joueur confirmé à ce poste est évidemment la priorité, mais il ne faut pas fermer la porte aux jeunes talents. Il y a parfois des joueurs qui évoluent en CFA avec un niveau Ligue 2 qui pourraient tout casser en National. C’est là-dessus que je travaille.
USCL : Au-delà du recrutement, votre mission consiste aussi à observer les matches des adversaires de l’USCL. Comment organisez-vous cette partie de votre travail ?
SA : Je vais voir les matches de nos futurs adversaires à l’extérieur si nous devons les recevoir, ou à domicile si c’est nous qui nous déplaçons chez eux. Cela me permet de voir comment ils abordent l’avantage du terrain. Avant le match, je me renseigne sur l’équipe type, et je suis attentif aux joueurs titularisés, à ceux qui sont absents sur blessure ou suspension. Pendant le match, je prends beaucoup de notes. Je dégage le système de jeu, le positionnement des joueurs, mais aussi leur taille à la demande du coach. J’analyse la façon dont tous les joueurs participent aux phases offensives et défensives que ce soit dans le jeu ou sur coup de pied arrêté. Je note les points forts de l’équipe et les joueurs qu’il faut surveiller comme les faiblesses collectives ou individuelles que le coach pourra exploiter. Je fais aussi attention aux attitudes des joueurs sur la pelouse pour les cerner. Savoir qui n’aime pas le duel physique ou qui est facile à déstabiliser nerveusement, c’est utile.
USCL : A qui et comment faites-vous part de toutes ces analyses ?
SA : Je réalise un compte-rendu écrit de plusieurs pages que je remets directement au coach et à Henri Camous, le Directeur Général. Je fais part directement au Président de mes analyses lors de la réunion d’information qui rassemble tout le staff technique et la direction.
USCL : Après plusieurs années sur le terrain,
vous semblez épanoui dans votre reconversion. Pensez-vous devenir agent de joueur agréé ou préférez-vous vous investir dans un club qui évoluerait à un meilleur niveau ?
SA : Peut-être qu’un jour, je passerai les diplômes pour devenir entraîneur mais aujourd’hui je me sens très à l’aise dans la mission que j’ai pour l’USCL. Je ne me vois pas être agent de joueur pour placer ici ou là mes protégés, empocher de l’argent sans plus me préoccuper du reste. Je suis resté compétiteur et joueur dans l’âme. Ma réussite personnelle vient s’inscrire dans celle d’un collectif, dans l’objectif et la dynamique d’un club. La seule évolution qui me conviendrait serait de m’occuper seul du recrutement. Je sais que ce serait plus compliqué mais j’aimerais avoir cette possibilité. Mon but serait de constituer un effectif pour que Créteil finisse dans les trois premiers. Ce serait ma fierté d’être acteur de la remontée. C’est d’ailleurs pour ça que je serais moins intéressé par le même poste dans un autre club. Parce que Créteil représente beaucoup pour moi. J’ai joué ici, j’habite ici, je connais tout le monde, et pour moi, Créteil doit être candidat à la Ligue 2 !
Photo AFR José Lopes