C’est l’un des visages de la Premier League sur RMC Sport. A 36 ans, Salim Baungally n’est plus un rookie du journalisme. Passionné de football, le natif de Montreuil est aussi un inconditionnel de l’USCL. Une histoire qu’il entretient depuis près de 20 ans et qu’il a accepté de partager, avec nous, entre deux marathons à l’antenne.
Esprit Bélier : Salim, pour ceux qui ne vous connaitraient pas encore, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Salim Baungally : Bien sûr ! J’ai 36 ans et je suis né à Montreuil. Après le lycée, j’ai rejoint l’Université de Créteil où j’ai fait des études assez classiques d’administration et d’échanges internationaux. Mais ma passion, c’était déjà le journalisme ! J’ai donc choisi de bifurquer et d’entrer dans ce monde grâce à mon stage de fin d’études. C’était en 2007, dans une radio locale à Paris. J’ai ensuite enchainé quelques stages, avant d’avoir la chance de travailler avec de nombreuses rédactions, que ce soit à la radio avec RTL, Europe 1, RMC…à la télé avec L’Equipe TV, Canal plus, Eurosport, TV5 Monde…ou encore dans la presse écrite. Depuis 2016, j’ai le plaisir de présenter les émissions de Premier League mais aussi l’Europa League ou l’Europa Conference sur RMC Sport.
EB : Au-delà de cette passion pour le journalisme, on imagine un intérêt particulier pour le football…
SB : Effectivement, c’est une passion que je partage avec ma famille, depuis mon plus jeune âge. Nous sommes tous fans de football et chacun a son club de cœur. Je rêvais d’être journaliste mais dans le foot, c’est le summum ! Pour être honnête, je ne joue pas. J’ai les pieds carrés et je préfère rire des dribbles des autres que les faire rire avec les miens !
EB : Au-delà du temps que vous passez à l’antenne, il y a tout le travail de préparation que les téléspectateurs ne voient pas…Comment se déroule une semaine type ?
SB : Prenons l’exemple d’une semaine de coupe d’Europe : le lundi matin, je démarre par une réunion de brief sur le prochain week-end de Premier League. L’après-midi, je travaille sur mon Podcast et je commence à préparer les soirées de coupe d’Europe et les multiplex qui peuvent compter plus de trente matchs ! Regarder une quinzaine de matchs en même temps, c’est un exercice de concentration assez dingue. Le vendredi, je prépare le week-end de Premier League et le week-end, je suis à l’antenne. Les semaines de coupe d’Europe, je suis plus proche des 55 heures que des 35, mais c’est ça la passion !
EB : Tout cela demande beaucoup de travail et de concentration, mais cela suppose aussi une bonne lecture du football et une capacité d’analyse assez fine. Comment avez-vous fait votre chemin sur cet aspect ?
SB : Il faut bien distinguer deux choses. Je n’aurai jamais le regard du joueur. Je suis avec Emmanuel Petit tous les week-ends et je travaille souvent avec Eric Roy ou Kévin Diaz. Même en regardant beaucoup plus de matchs qu’eux, je ne saurai jamais ce que c’est d’être sifflé ou applaudi par 50 ou 60 000 personnes. Je suis accompagné par ces consultants pour qu’ils m’apportent cette vision. Mais à force de travail, de préparation et grâce à mes collaborations avec d’autres journalistes, j’ai acquis un certain regard tactique. Brighton ne joue pas comme Brentford et c’est à force regarder une équipe évoluer qu’on comprend sa tactique et qu’on acquière une certaine légitimité dans le domaine. Je regarde TOUS les matchs de Premier League ! Mon regard est complété par la vision des consultants-joueurs et l’apport des statistiques qui permettent aussi de lire des choses sur le plan tactique.
EB : Est-ce que tout cela vous laisse encore un peu de temps pour vous intéresser au football français ?
SB : J’avoue que je regarde un peu moins le football français, par manque de temps uniquement. Mais la Ligue 1, la ligue 2, le National et le football amateur ont longtemps constitué mon pain quotidien. La Coupe de France reste d’ailleurs ma compétition préférée, avant tout le reste. Je conserve évidemment un affecte particulier pour le football français dans son ensemble. J’essaie de suivre les différents championnats, y compris le National sur FFF TV, entre deux rencontres de Premier League. La ligue 1 est très intéressante. Bien meilleure qu’avant. Il y a plus de joueurs de qualité, dans plus de clubs, même si le PSG concentre toutes les attentions avec ses stars ultimes comme Messi. Il y a aussi eu l’arrivée de Boateng et Shaqiri à Lyon, ou encore de beaux recrutements grâce à Kovac à Monaco ou Sampaoli à l’OM. Saint-Etienne ou Rennes ont des jeunes de très grande de qualité et il faut savoir être patient. La Ligue 2 et le National ont également gagné en qualité et en intérêt, même si les deux dernières saisons ont été perturbées par la Covid.
EB : La Premier League est à nouveau considérée comme le meilleur championnat du monde. Comment situez-vous le football français par rapport à cette référence ?
SB : Tout cela est très subjectif. Chacun a sa définition du « meilleur championnat ». Est-ce le jeu le plus technique, comme en Liga espagnole ? La NBA du football, comme en Premier League ? Le meilleur jeu défensif, comme en Série A ? Le meilleur spectacle et la meilleure culture tactique, comme en Bundesliga ? La meilleure dynamique comme en Ligue 1 ? La Premier League constitue effectivement une référence, mais il faut nuancer certaines légendes. Tous les clubs de 3ème et 4ème division anglaise ne rassemblent pas des dizaines de milliers de spectateurs à chaque match. Sunderland et d’autres le font, mais la moyenne tourne plutôt autour de 3 à 6000 spectateurs, ce qui est déjà très bien en League Two (4ème division). Ce qui fait la différence, c’est d’abord la culture du football et la passion. Je suis fan de West Ham, dans l’Est londonien, et certains supporters font parfois plusieurs heures de train pour assister aux matchs au stade Olympique. Cet amour est généralement une question filiale transmise par les parents à leurs enfants. C’est moins le cas en France. Sur le plan sportif, le budget joue forcément. Le dernier de Premier League bénéficie de plus de droits télé que le champion de Ligue 1 ! Les décalages sont colossaux et facilitent certains investissements. Pas toujours à bon escient d’ailleurs. Aujourd’hui, les achats de joueurs anglais entre clubs anglais sont très fortement surévalués. Malheureusement, certains clubs outre-manche recrutent d’abord au nom ou à la nationalité, sans se soucier de la philosophie de jeu et de l’aspect tactique.
EB : Vous avez une histoire un peu particulière avec l’USCL. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces liens avec le club ?
SB : A partir de 2003, le fait d’être à la fac de Créteil m’a rapproché du stade Duvauchelle. A l’époque, avec mes camarades, nous allions supporter Créteil en Ligue 2 tous les quinze jours. La première année, j’ai assisté à TOUS les matchs à domicile Je garde aussi en mémoire cette saison incroyable où nous finissons huitièmes avec Hubert Velud, Mbodji, Sessegnon, Pataca, Amirèche ou Boulebda etc. Je me souviens par exemple d’un magnifique Créteil – Istres avec un quadruplé de Mbodji à Duvauchelle (4-1). Malheureusement, la régularité est la chose la plus compliquée en National ou en Ligue 2. Je n’ai pas oublié l’année de la première relégation en National, en 2007. Lors de la dernière journée, il fallait s’imposer à Guingamp pour espérer se maintenir. J’ai fait le déplacement avec les Urban Devils et, malheureusement, le chauffeur s’est trompé de chemin ! Lorsque nous sommes arrivés au stade, les joueurs étaient en train de se replacer. Nous n’avons même pas vu le dernier but de Créteil en Ligue 2. C’était terrible ! J’ai continué à suivre le club en National, avec Jean-Luc Vasseur notamment. Je le fais toujours, en championnat ou en Coupe de France. J’ai gardé des relations fortes et amicales avec d’anciens joueurs comme Richard Trivino et Jean-Michel Lesage qui est mon joueur préféré et qui est, à ce jour encore, le meilleur buteur de l’histoire du Havre et de Créteil. C’est devenu un ami. Il était à mon mariage. Il y a une vraie histoire d’amour entre moi et l’USCL !
EB : D’un point de vue plus personnel, quels sont très projets ?
SB : J’ai déjà un emploi du temps très chargé avec mes émissions actuelles sur RMC Sport. Le samedi, j’enchaine 8 heures d’antenne avec la Premier League et le dimanche, 7. Il y a beaucoup de préparation et d’investissement. Pour moi, c’est une année de confirmation pour continuer à progresser. Chaque saison, il faut essayer de faire mieux. Aujourd’hui, il y a des matchs sur beaucoup de chaines. Au-delà des grandes affiches, il faut savoir donner de l’intérêt à toutes les rencontres et aider les téléspectateurs à les décrypter à travers notre façon de présenter. Ce qui est clé, c’est l’empathie. Le foot reste un sport. Il faut savoir relativiser et garder le sourire. Je suis parfois un peu chambreur avec mes consultants, mais j’essaie de détendre l’ambiance, tout en restant sérieux. J’ai eu la chance de travailler avec Michel Denisot lors d’une quotidienne sur la Coupe du monde 2014 et il reste mon modèle absolu. Il a fréquenté les plus grands et, malgré cela, il y a une vraie sincérité, une vraie gentillesse mais aussi une vraie capacité d’écoute. Ce sont ces qualités qui nous permettent de durer dans le métier.