Si les Cristoliens ne sont pas passés loin d’une montée en Ligue 2 en 2011-12 saison, Jean-Luc Vasseur ne tient pas à mettre de pression inutile sur le prochain exercice qui se prépare actuellement. Confirmé dans ses fonctions, le technicien val-de-marnais n’en reste pas moins ambitieux. Car au-delà de l’accession en L2 de son équipe c’est à tout le club qu’il aimerait redonner ses lettres de noblesse grâce à un « projet-club » basé sur la formation.
Après une première saison encourageante, vous avez été confirmé en tant qu’entraîneur avec une prolongation de contrat pour la saison 2012-13. Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
Jean-Luc Vasseur : Avec fierté ! C’est une marque de confiance de la part du Président et de la direction du club. Ils ont senti quelque chose se dégager de cette équipe. La cohérence du travail a révélé certains joueurs et a permis à d’autres de progresser. Tout cela laisse présager de bonnes choses pour l’avenir et je pense qu’ils ont trouvé logique de repartir sur une nouvelle saison pour voir s’il pouvait avoir mieux au bout.
Comment décririez-vous cette première saison ?
JLV : C’est une année à rebondissements dans la mesure où nous avons eu des dynamiques différentes avec des hauts et des bas. Et on a commencé par des bas… Mais il ne faut pas oublier qu’avec mon arrivée et celle de Francis de Percin c’est un nouveau staff technique qu’il a fallu mettre en place et qu’on a ensuite dû trouver un équilibre dans une équipe qui avait été renouvelée à 50%. Nous avons tâtonné à la recherche de la bonne formule et je pense qu’à la trêve nous sommes arrivés à quelque chose d’intéressant. Lors des matches retour, la rencontre face à Colmar a été, pour moi, un vrai tournant. Les deux expulsions nous ont montré que nous manquions peut-être un peu de profondeur de banc et cette défaite a débouché sur une série de mauvais résultats.
Pourtant, et malgré ces contre-performances, Créteil a souvent fait jeu égal avec les meilleurs de son championnat. Comment se fait-il que les Béliers n’aient jamais pu se hisser plus haut que la 6ème place ?
JLV : On a traîné notre mauvais départ comme un boulet. On est parti avec un handicap et c’est sans doute ce qui nous a empêchés d’accrocher le bon wagon. Car à chaque fois qu’on a recollé la tête, les efforts qu’on a déployés nous ont coûté un peu de fraîcheur et de lucidité lorsqu’on arrivait au moment critique. Quand on s’est retrouvé au taquet comme ça on a explosé physiquement, comme après le match d’Ajaccio, ou alors on n’a pas su gérer certaines émotions et ça s’est traduit par plusieurs expulsions.
Ce phénomène du « plafond de verre » que les Cristoliens n’ont jamais pu briser, n’est-ce pas un peu frustrant pour l’entraîneur que vous êtes ?
JLV : Qu’on soit arrivé à créer des émotions, à susciter de l’espoir pour ceux qui nous suivent fidèlement c’est avant tout une fierté. De notre côté, on a été les premiers peinés. On a tous beaucoup souffert quand on a vu les premières places s’éloigner. Mais j’espère que les moments durs de cette année passée nous permettront d’assumer plus la saison prochaine. Nous avons eu une opportunité de monter la saison dernière, c’est vrai, mais monter trop vite ou trop tôt fait souvent plus de mal que de bien.
Cette saison à la tête d’une équipe de séniors à un niveau semi-professionnel était un baptême du feu pour vous. Quel bilan personnel en faites-vous ?
JLV : Quand on est entraîneur on doit gérer un rapport de force en permanence et ça quel que soit l’âge des joueurs qu’on entraîne. Ce que j’ai eu à faire à Créteil n’est donc pas radicalement différent de ce que j’ai connu avec les U17 du Paris-Saint-Germain la saison d’avant (il a été sacré champion national en 2010/11, ndlr). Il y a juste une partie de gestion humaine qui est plus importante. L’aspect psychologique et relationnel est très important dans ce métier où il est toujours difficile de faire plaisir à tout le monde. Mais je pense avoir aidé plusieurs joueurs à s’affirmer ou à se révéler. Sur la gestion de nos matches cette saison, je continue à me questionner aujourd’hui. Je me dis que j’aurais peut-être dû faire tourner plus l’effectif pour ne pas arriver à la rupture ou alors que j’aurais dû savoir me contenter de gagner petit sur certains matches pour décrocher gros en fin de saison. Mais je suis fier d’avoir retrouvé dans l’équipe cette ambition d’aller chercher la gagne que j’ai voulu inculquer dès le début de saison.
A propos d’ambitions, quelles seront celes de l’US Créteil-Lusitanos la saison prochaine ?
JLV : Nous essaierons d’être plus ambitieux sans nous mettre une pression monstre car la saison dernière on est passé par tous les stades, alors il ne faudra pas s’enflammer ni tomber dans le psychodrame. Ce qui est important c’est de construire sur la durée. Pour ça, il faudra de la continuité au niveau du travail et de la stabilité au niveau de l’équipe. Car le meilleur recrutement qu’un club puisse faire c’est avant tout de garder ses meilleurs joueurs. On va donc essayer de garder les deux tiers de nos joueurs les plus utilisés l’année dernière. Ça nous permettra de renouveler par petites touches en allant chercher un renfort rôdé au niveau national sur chaque ligne tout en gardant la philosophie de cette année.
Au-delà de cette ossature que vous souhaitez conserver, comment composerez-vous votre effectif ?
JLV : Le but sera de constituer un groupe réduit de joueurs avec des profils variés. On essaiera comme la saison passée de mêler l’insouciance de la jeunesse à la maturité et l’expérience de joueurs-cadres. Notre volonté est d’augmenter la qualité de notre groupe et de réduire la quantité des joueurs. Car nous sommes partis du principe qu’il vaut mieux créer une dynamique positive dans le club en faisant monter de jeunes joueurs plutôt que redescendre un joueur confirmé en équipe réserve. Pour moi, il est très important de créer des passerelles avec les équipes de jeunes. Parce qu’il ne s’agit pas uniquement de travailler sur une équipe mais de consolider l’ensemble du club à tous les étages. J’ai la fibre formatrice et je suis venu à Créteil pour bâtir sur la durée. Je compte m’appuyer sur les forces vives du club. Les échanges que j’ai eus avec les responsables administratifs et sportifs de l’Association montrent que ce projet est commun à l’ensemble du club : il faut que Créteil redevienne un club coté au niveau des jeunes !
Propos recueillis par JG
Photo AFR José Lopes