Plymouth, c’est le sud ouest de l’Angleterre. C’est aussi un club en difficulté, où ont joué Taribo West et Emile M’Penza. Mais pour Ladjie Soukouna, débarqué de Créteil où il a fait toutes ses classes à l’USCL, c’est avant tout de nouvelles habitudes et une barrière de la langue à franchir…
Comment as-tu atterri à Plymouth ?
Pendant deux ans, j’étais à Créteil mais je n’ai jamais joué en National, seulement en CFA2. Donc je cherchais un club. A la base, je ne voulais pas forcément partir à l’étranger mais mon agent m’a fait part de l’intérêt de Plymouth. J’ai fait un essai ici et ça s’est bien passé donc j’ai signé en juillet. Plymouth est un club qui était en Championship, il y a deux ans. Ils ont des gros problèmes financiers. Ils sont descendus jusqu’en League Two (D4 anglaise) à cause notamment de points de pénalités l’an dernier. Le début de saison n’est pas bon. On est derniers. Mais maintenant le club a été racheté donc on a pu recruter un peu mais on a du mal.
L’objectif, c’est de se faire un nom en Angleterre ?
Ouais voilà. Je vais essayer de gravir les échelons les uns après les autres. L’objectif pour le moment, c’est vraiment de rester en Angleterre. Je suis blessé pour l’instant mais j’y crois vraiment. Si je peux trouver un club en fin de saison qui joue au-dessus, j’irai là-bas.
Pas trop le mal du pays ?
Non franchement non. Je suis bien ici. Au début, j’étais à l’hôtel pendant un mois donc niveau vie de tous les jours, ce n’est pas forcément le top mais maintenant j’ai trouvé mon appartement, je suis installé donc c’est cool.
Comment s’est passée l’adaptation à Plymouth ?
Au début, c’était vraiment difficile. Il y a la barrière de la langue et tout ça. Mais, là y’a un autre Français, Maxime Blanchard, qui vient d’arriver et qui était déjà dans un club en Angleterre qui m’aide beaucoup. C’est important parce que je vis seul le reste du temps, ce n’est pas facile.
Justement, la barrière de la langue dans la vie de tous les jours, ça doit être galère, non ?
J’ai des bases d’anglais. Comme tout le monde. Mais il faut que je progresse. De temps en temps, j’oublie des mots. Par exemple, une fois j’ai été au supermarché, il me fallait des champignons, j’avais oublié qu’en anglais ça se disait « mushrooms ». J’étais un peu mal mais petit à petit les mots viennent plus facilement.
La nourriture en Angleterre, c’est différent ?
Moi je suis musulman donc je mange que de la viande hallal déjà. C’est vrai qu’au début, j’ai eu du mal à trouver une boucherie hallal mais maintenant j’ai pris mes habitudes et je sais où aller. En plus au club, après les entraînements, on mange toujours tous ensemble et le club me prépare des assiettes hallal à chaque fois, c’est sympa. Ils respectent vraiment ma religion.
Plymouth, ça donne quoi la ville ?
C’est une belle ville. De France, on peut se dire que ce n’est pas top mais la ville n’est pas si nulle que ça (rires). En fait, c’est une ville étudiante. C’est une ville de taille moyenne mais étudiante donc c’est sympa. Ça se trouve dans le sud-ouest de l’Angleterre. On est à minimum 3h20 de Londres donc c’est un peu galère pour les déplacements tout ça mais sinon c’est sympa.
Tu sors beaucoup ?
Non, pas du tout, je reste chez moi la plupart du temps.
Il y a eu des émeutes à Londres l’été dernier, à Plymouth ça a bougé un peu ?
Non, chez nous il n’y a rien eu du tout. Ça a bougé dans les grandes villes, style Londres et Birmingham mais à Plymouth non.
Qu’est-ce qui t’a frappé quand t’es arrivé ?
L’engouement. Le club est descendu de deux divisions mais les gens viennent toujours au stade. Un peu comme Strasbourg en France où les supporters restent présents. Ici, on fait régulièrement 7 000 spectateurs mais pour l’anniversaire du club il y avait 18 000 spectateurs. Ça n’a rien à voir avec la région parisienne par exemple.
Vous êtes derniers au classement, la relation avec les supporters, ça se passe comment ?
Très bien, très bien. Les supporters savent que le club en est là parce qu’il a été en difficulté financière, qu’il y a eu des années difficiles. Ils viennent toujours au stade, et même à l’extérieur ils sont là. Dans la rue, il y a déjà deux-trois supporters qui m’ont reconnu. Ils viennent me serrer la main, ils sont super sympa.
Par rapport à la France, le niveau, ça donne quoi ?
C’est différent et donc difficile à comparer. Ici la League Two, donc la CFA en France, c’est une poule unique de 24 clubs, contrairement à la France où il y a quatre poules. En plus, ici de la Premier League à la League Two, tout le monde est pro donc ça aide pour que la qualité de jeu soit meilleure.
Tu vas voir des matchs de Premier League de temps en temps ?
Non, on ne peut pas. Autour de notre ville, il n’y a aucune équipe qui joue en Premier League ou même en Championship donc pour aller voir un match, c’est compliqué. Comme je vous l’ai dit, Londres c’est le plus près et c’est 3h pour y aller. Même les déplacements, il n’y a que deux équipes qui sont proches sinon c’est très loin donc on doit partir la veille.
Ça se passe bien avec les coéquipiers ?
Ouais ils sont sympa, ils essayent de m’intégrer le plus possible. Ils ne font pas forcément beaucoup de blagues mais ils essayent souvent de parler français. Les mecs commencent par « je voudrais » et ensuite ils ont un bug et n’arrivent pas à enchaîner, c’est marrant. Par contre à l’entraînement, ils mettent des coups hein. Ce sont des vrais Anglais.
Une anecdote pour finir ?
Ah oui, il y a le jour où je suis arrivé et que j’ai vu les gars pour la première fois. J’ai signé mon contrat en juillet puis je suis rentré en France pour récupérer toutes mes affaires. Quand je suis revenu, c’était un mercredi et on jouait un match de pré-saison. Je suis arrivé, tous les mecs étaient dans le vestiaire donc j’ai fait le tour et j’ai serré la main de tout le monde. Normal. Sauf qu’en Angleterre, ils ne font pas ça. Ils arrivent et disent un « bonjour » général mais ils ne se serrent pas la main donc ils n’ont pas compris ce que je faisais. Je les ai fait rigoler dès le premier jour.
Propos recueillis par Christophe Gaudot