Après Richard Trivino, c’est un autre ancien de la maison cristolienne qui a décidé de quitter l’USCL. Après sept ans de bons et loyaux services en tant que joueur puis adjoint, Rui Pataca a choisi de retrouver le cocon familial dans l’Hérault. Un retour dans le sud qui n’a pas laissé insensible les dirigeants de Rodez (relégué en CFA) qui lui ont offert un poste d’entraîneur principal en adéquation avec son projet personnel. Interview.
USCL : Après avoir décidé de quitter vos fonctions avec l’USCL pour vous rapprocher de votre famille à Montpellier, vous avez pris la succession de Franck Rizzetto à Rodez. Pouvez-vous revenir sur ces choix ?
Rui Pataca : Au départ quand j’ai pris la décision de ne repartir avec Créteil la saison prochaine, c’était plutôt pour me rapprocher de mes enfants et ma femme à Montpellier. Ça faisait deux ans que j’étais seul sur la région parisienne et être éloigné d’eux n’est pas une bonne chose pour notre équilibre, que ce soit le mien ou le leur. Ça faisait aussi longtemps qu’on n’avait pas eu de vraies vacances en famille. Donc au départ, je comptais rester en retrait par rapport au foot, même si je me disais que plus tard je tournerais sur les clubs près de chez moi pour voir leur mode de fonctionnement. Par exemple, ça m’aurait énormément m’apporter de voir un club que je connais bien comme Montpellier travailler. Et en parlant à gauche à droite de mon retour sur la région, tout est allé très vite. On m’a proposé des pistes et Rodez avec son ambition de remonter immédiatement en National m’a convaincu. Alors c’est vrai que les grandes vacances en famille au mois d’août ce n’est pas pour cette année, mais ce qui est positif c’est qu’aujourd’hui je suis maître de mon destin. Je continue ce travail d’entraîneur qui me passionne sans me couper de ma famille, c’est important pour moi.
USCL : Après avoir été joueur, adjoint, vous voilà donc entraîneur principal. Vous sentez-vous prêt pour cette nouvelle fonction ?
RP : Ces deux dernières où j’ai vécu seul sur la région, je me suis concentré à fond sur le travail d’entraîneur. Au-delà des diplômes que j’ai obtenus (titulaire du DEF, ndlr), j’ai épaulé Laurent Fournier et Hubert Velud, deux entraîneurs qui ont beaucoup apporté à mon bagage personnel. Avec mon vécu de joueur de Ligue 1 et Ligue 2 en France et au Portugal, j’ai assez d’expérience pour affirmer que j’ai rempli ma tâche en tant qu’adjoint. Et au niveau personnel je sais que j’ai donné mon maximum dans ce rôle. Je me suis donné à fond pour ces deux hommes, je les aidé en leur étant fidèle à 100%, sans jamais avoir eu d’arrière-pensée. Ça me permet de partir de Créteil avec l’amitié de toutes les personnes avec qui j’ai travaillé. Tous ont apprécié ma rigueur et ma discipline. C’est cette image que je veux laisser derrière moi car aujourd’hui, je me sens prêt pour prendre une équipe en main
USCL : Avec les deux qualités donc vous parlez, cette progression de joueur à entraîneur était presque écrite d’avance ?
RP : Ce sont des valeurs qui font partie de moi. Elles m’ont guidé depuis le début de ma carrière de joueur et elles continuent à me guider dans ma fonction. Ces valeurs étaient déjà importantes à mon époque et elles le sont encore plus aujourd’hui. Dans le football actuel, il n’y a pas le temps pour rigoler. Il suffit qu’un joueur passe à travers pendant une saison, pour qu’il disparaisse. Je regrette de ne pas avoir pu faire progresser davantage le groupe mentalement cette saison, pourtant j’ai le sentiment d’avoir donné le meilleur de moi-même. C’est peut être aussi pour ça que je pense que Créteil a besoin de sang neuf que ce soit au niveau des joueurs ou au niveau du staff pour ne pas stagner.
USCL : On sent une pointe de déception sur la saison écoulée…
RP : C’est vrai, cette saison a été très frustrante et difficile à vivre pour moi, mais je me suis accroché et j’ai travaillé plus dur. J’aime ce travail, je n’ai jamais arrêté de le faire auprès des joueurs car c’est ça le travail d’un coach : ne jamais lâcher ! J’ai fait et refait les matches en essayant de comprendre ce qui n’allait pas. J’ai passé des nuits à analyser les vidéos, à faire des montages, ou à préparer les séances d’entraînement en espérant apporter un plus. Par rapport au terrain, j’ai un peu une sensation d’échec avec ce groupe parce que j’ai eu la sensation d’être allé au maximum de mes possibilités, mais il y a quand même des côtés positifs. J’ai plutôt bien soutenu le coach puisque le staff a été maintenu toute la saison malgré les résultats et les tensions avec les supporters. Tout ça représente un boulot énorme dans tous les domaines, mais j’adore ça. Je continue à aimer ce métier qu’est le foot avec la même passion : je suis toujours le premier arrivé et le dernier parti !
USCL : Peut-on parler de la fin d’un cycle pour vous ?
RP : Oui, après sept ans à Créteil, j’ai la sensation d’avoir tout donné pour le club. Mais avec les départs dans le staff et dans l’effectif c’est aussi une nouvelle page qui se tourne pour Créteil et c’est aux dirigeants du club de faire ce qu’il s’impose pour ne pas tomber dans les mauvais côtés de l’amateurisme. Un renouveau serait le bienvenu. Il faudrait changer le mode de fonctionnement, de pensée si le club veut aspirer à mieux. Tout le monde doit avoir les idées fraîches et des joueurs au sang neuf pour tirer le club vers le haut. Voir les mêmes joueurs rester d’année en année ne peut pas être une source de progression, au contraire. C’est l’intérêt du club qui doit passer devant les égos personnels. Créteil est sur un vivier de joueurs, il y a plein de choses à faire. Il faut trouver une stabilité au poste d’entraîneur pour que le club travaille sereinement dans la continuité. C’est comme ça que la réussite arrivera, car même si je pars aujourd’hui, je souhaite vraiment que Créteil retrouve le même statut qu’il avait quand je suis arrivé.
USCL : Ce départ met fin à sept ans de collaboration avec l’USCL. Que représente le club pour vous ?
RP : Créteil c’est une partie de ma carrière. Je n’ai pas voulu connaître 50 clubs en France, Créteil a été le deuxième et le dernier en tant que joueur. J’y suis arrivé pour apporter mon expérience aux plus jeunes joueurs comme je l’avais fait à Montpellier avec Bamogo, Maoulida, Fodé Mansaré, Olivier Sorlin, Cédric Barbosa etc… Ce sont des joueurs qui sont devenus plus forts dans le jeu mais surtout dans la tête car ils ont compris que le football c’est avant tout le travail au service du collectif. C’est ma manière de voir le foot et je pense que c’est quelque chose qu’ils ont assimilé en me côtoyant ou en écoutant mes conseils. A Créteil, j’ai eu le même rôle. Je pense que j’ai pas mal participé à la progression de joueurs comme M’Bodji, Ekobo ou Sessegnon en prônant les mêmes valeurs de rigueur et don de soi au collectif. J’ai continué à travailler dans cet esprit depuis que je suis passé dans l’encadrement et c’est aussi dans cet état d’esprit que je travaillerai la saison prochaine avec mon nouveau club. Mais je n’oublierai pas Créteil, c’est un club important dans mon parcours. C’est ici que j’ai fait mes armes et c’est grâce à ce que j’ai vécu ici qu’aujourd’hui je suis prêt à être entraîneur. Beaucoup de gens m’ont aidé dans mon parcours, je ne les citerai pas tous de peur d’en oublier, mais je tiens quand même à mettre en avant la relation de travail de travail que j’ai avec Raynald Choquet. Ç’a été un vrai plaisir de travailler avec lui ces deux dernières années où nous sommes arrivés dans le staff de l’équipe de National.
Propos recueillis par JG
Photo AFR José Lopes