Au terme d’un exercice qui n’aura réservé ni bonnes ni mauvaises surprises, Hubert Velud a choisi de ne pas prolonger l’aventure cristolienne. Il revient sur les motifs de sa décision et évoque le parcours de l’USCL. Le technicien admet volontiers que la saison des Béliers a été moyenne et l’explique par la nature d’un effectif cristolien dont le potentiel est encore à réaliser. Interview.
HV : C’est une réflexion globale… Une volonté de retrouver la liberté pour m’inscrire dans un autre projet à plus haut niveau. J’arrive à un âge et à un moment de ma carrière où j’ai envie de retrouver le niveau international. Quand on a goûté au très haut niveau, on y prend goût. ! A l’heure actuelle, même si j’ai la chance d’avoir plusieurs opportunités, rien n’est forcé d’aboutir, mais j’ai envie de prendre le risque. Malgré le petit problème rencontré cette saison, j’ai été très content de revenir à Créteil, et très heureux de travailler à nouveau avec le Président Lopes.
USCL : Quel regard portez-vous sur la saison de l’USCL ?
Hubert Velud : Je pense que nous avons fini la saison plus ou moins à notre place. Avec plus d’efficacité devant le but, nous aurions facilement quelques unités de plus au classement mais dans l’ensemble on peut dire que la logique sportive a été respectée. Les trois premières places étaient inaccessibles pour nous. Alors nous avons fait l’essentiel en assurant rapidement le nombre de points pour nous maintenir grâce à un bon parcours sur la phase retour. J’aurais aimé viser plus haut mais nous avons aussi dû gérer la lutte pour le maintien de l’équipe réserve. Il faut également comprendre qu’avec un effectif largement reconstruit et rajeuni nous sommes dans une saison de transition. L’équipe est en devenir plus qu’autre chose et je pense que nous avons eu la chance d’avoir eu quelques anciens pour bien l’encadrer car sinon on aurait pu rencontrer plus de problèmes. Par exemple, la présence d’un joueur comme Jean-Michel Lesage nous a fait énormément de bien à tous les niveaux.
USCL : Vous parlez d’une équipe en devenir, à quel niveau doit-elle progresser pour pouvoir se réaliser pleinement ?
HV : Il y a quelques jeunes joueurs à fort potentiel qui peuvent énormément progresser. Mais ils doivent se rendre compte qu’avoir de grosses qualités ne suffit pas. A leur âge, ils doivent fournir beaucoup plus de travail au quotidien et je suis déçu de voir que certains ne font pas assez d’efforts. Ils n’ont pas du tout l’approche du métier de footballeur, des exigences que ça demande, et ça me gêne de les voir considérer Créteil comme une fin en soi. Je pense qu’ils ont quand même compris certaines choses cette saison en croisant des vrais joueurs de football comme ceux de Laval, Nice, Guingamp ou Bastia.
USCL : Le fait que le maintien ait été acquis tôt a dû ajouter à cette décompression…
HV : Absolument, une fois le maintien acquis on a eu des passages à vide au même titre que les autres équipes de milieu de tableau. On a alterné les bonnes prestations et les mauvaises. L’exemple le plus marquant est Bastia où nous avons fait un super match alors que la journée suivante contre Colmar, nous avons été absents. On sait que cette décompression mentale arrive, mais en tant qu’entraîneur on ne peut pas l’accepter.
USCL : Comme vous le disiez plus haut, ce maintien acquis tôt vous a permis de prêter main forte à l’équipe réserve en difficulté dans son championnat…
HV : Oui, ça n’a pas été toujours évident en termes de gestion et ça nous a sans doute coûté quelques points en National, mais c’est normal et j’espère surtout que ça sera efficace. C’est une consigne de la direction du club et j’y adhère complètement. C’est l’intérêt général du club qui prime. Maintenir cette équipe en CFA2 permet au club de faire progresser les jeunes joueurs en les faisant évoluer à un niveau intermédiaire correct avant de connaître le National. Mon sentiment personnel est que ce fonctionnement n’est pas très sain, le club gagnerait à avoir une équipe de CFA2 qui serait compétitive sans l’apport de joueurs de l’équipe première.
USCL : Après l’attaque du bus de l’équipe togolaise que vous dirigiez, vous avez une nouvelle fois été victime d’une agression dans le cadre de vos fonctions. Comment avez-vous vécu cette épreuve ?
HV : Sur le coup, c’a été dur… Trois ou quatre jours après, j’ai commencé à digérer ce qui s’était passé, mais aujourd’hui encore c’est quelque chose qui reste, ça marque, évidemment. Mais le fait d’avoir reçu énormément de témoignages de sympathie, de voir comme toutes les instances que soit le syndicat des entraîneurs ou la Ministre des Sports m’a touché. J’ai reçu beaucoup de messages d’entraîneurs qui se sont sentis concernés par ce qui m’est arrivé. Si à un moment je n’ai pas su quoi faire, leurs messages m’ont poussé à revenir, à résister à cette pression qu’on a voulu me mettre. Le football est un sport formidable, il transmet des valeurs, il créé du lien social. Il mérite qu’on se batte pour lui.
Photos AFR José Lopes