Le nouvel entraîneur de l’US Créteil-Lusitanos explique pourquoi il a décidé de revenir dans le Val-de-Marne. Déjà auteur d’une superbe saison 2005-2006 à la tête du club cristolien, alors en Ligue 2, il insiste sur la nécessité de créer une dynamique de groupe.
Hubert Velud : J’entretiens des liens d’amitié avec la famille Lopes, en particulier avec le président, que mon départ de Créteil, en 2006, n’a jamais rompus. Je n’ai pas oublié non plus notre très belle saison 2005-2006. Nous avions joué les premiers rôles et même flirté avec la Ligue 1. Je sais que cette saison est restée gravée dans la mémoire de nombreux supporteurs. En tout cas, le fait de connaître le club, son environnement et ses dirigeants constitue un réel avantage que je compte bien exploiter pour obtenir le meilleur classement possible en fin de saison.
USCL : Votre saison 2005-2006 à la tête de l’USCL est-elle votre meilleur souvenir d’entraîneur ?
HV : L’un des meilleurs ! La satisfaction était d’autant plus grande que nous n’avions pas le même statut que Valenciennes, Montpellier, Lorient, Caen, Grenoble ou Le Havre. Nous en avions surpris plus d’un, nous avions même empêché Caen de monter en Ligue 1 !
obtenir le meilleur classement possible en fin de saison »
EB : Avec le recul, comment expliquez-vous cette réussite ?
HV : Nous avions un groupe épanoui. Dans un sport collectif, il ne peut pas y avoir de succès durable sans dynamique de groupe. J’avais la chance de diriger une équipe soudée qui partageait les mêmes valeurs. L’année d’avant, le club avait souffert pour se maintenir en Ligue 2. Cette situation difficile avait renforcé les liens à l’intérieur du groupe. Les joueurs étaient heureux de vivre ensemble, il y avait une belle harmonie dans le vestiaire. Des individualités s’étaient aussi révélées, notamment Stéphane Sessegnon et Papis M’Bodji. Ce doit être une fierté pour l’USCL de voir Sessegnon porter aujourd’hui le maillot du PSG.
USCL : Quatre ans après votre premier passage à Créteil, êtes-vous toujours le même entraîneur ?
HV : Quels que soient son âge et son palmarès, un entraîneur progresse d’année en année. Il se nourrit de ses succès et de ses défaites, surtout de ses défaites d’ailleurs. Ce métier, c’est une perpétuelle remise en question. On a toujours quelque chose à apprendre sur le jeu et les hommes. Chaque entraîneur a sa personnalité. Certains sont peut-être plus concentrés sur le jeu mais sans les hommes, il n’y a pas de jeu. Moi, j’attache beaucoup d’importance aux relations humaines. Mon passage en Afrique m’a encore beaucoup apporté sur ce plan-là. Je suis un technicien ouvert qui part du principe qu’il n’y a pas qu’un modèle de fonctionnement. Il faut sans cesse observer, essayer de garder le meilleur de toutes ses expériences. En tout cas, depuis que j’ai entraîné le Togo, je relativise plus qu’avant. C’est aussi lié au drame qui nous a frappés en début d’année (avant le début de la CAN 2010, le bus de l’équipe nationale est pris pour cible par des séparatistes angolais, deux dirigeants sont tués et un joueur est gravement blessé).
USCL : Vous êtes décrit comme un entraîneur humaniste. Ce qualificatif vous plaît-il ?
HV : Je ne vais pas me renier, je suis comme ça. Entraîner, c’est vivre une aventure humaine. Ma méthode se fonde sur une grande approche psychologique. Je suis attentif aux relations entre les joueurs mais aussi entre le staff et les joueurs. L’entraîneur a une obligation : créer une dynamique de groupe. Une telle démarche suppose que le staff soit à l’écoute et que l’entraîneur ait confiance en ses adjoints. Un entraîneur doit donc être bien entouré pour avoir le maximum d’informations et optimiser cette dynamique de groupe.
Il faut fédérer sur la durée »
USCL : Quels sont les paramètres à prendre en compte pour réussir dans le Championnat de National ?
HV : Je place un élément de réflexion au-dessus de tous les autres: Paris. Tous les joueurs n’ont pas le profil psychologique pour s’imposer dans un club parisien et il faut y penser quand on fait le recrutement. Je veux également recruter des joueurs taillés pour le National, c’est-à-dire pour un championnat exigeant et homogène. Le National est un marathon sans la dimension technique de la Ligue 2. Il faut fédérer sur la durée. J’ai besoin de joueurs animés par un certain état d’esprit, des combattants.
USCL : Comment définiriez-vous l’US Créteil-Lusitanos ?
HV : Créteil, c’est Créteil, un club à part avec une vraie identité sociale. L’USCL a un gros potentiel. Je dis souvent que ce club est assis sur une mine d’or. Avec du travail et de la patience, on peut réaliser de grandes choses ici mais il ne faut pas vouloir faire du PSG à Créteil. En revanche, je suis convaincu qu’il y a une place à prendre à côté du PSG pour un club totalement différent comme Créteil, qui donne sa chance aux jeunes dans une logique de formation et véhicule des valeurs citoyennes. D’ailleurs, je n’aurais pas quitté le Togo si je n’avais pas jugé le projet et les perspectives de développement très intéressants.
Photo AFR José Lopes