Hier milieu de terrain infatigable et joueur emblématique du club de la capitale, Laurent Fournier a choisi d’officier sur le banc de touche cristolien avec la hargne et la générosité qu’on lui connaît. Le vainqueur de la Coupe des Coupes 1996 a donc pris le pari de transmettre aux joueurs de l’US Créteil-Lusitanos l’étincelle qui l’a fait briller au plus haut niveau pendant presque 20 ans. Un challenge à moitié réussi car à la trêve, le technicien a posté ses troupes sur le podium.
USCL: L’US Créteil-Lusitanos réalise un très bon début de saison. Quelles en sont les clés ?
Laurent Fournier : Nos victoires à Reims puis contre Beauvais (ndlr : 2ème et 3ème journée) ont été des déclics. L’ensemble des joueurs a été concerné sur ces deux matches et tout le groupe a pris conscience qu’il avait les qualités. Evidemment une équipe type s’est dégagée mais dans un groupe la partie la plus importante est celle qui ne joue pas, c’est elle qui donne le tempo. Et là, tout le monde se sent concerné, c’est ce qui nous a permis de faire une bonne entame de saison. Maintenant le plus dur sera de confirmer.
LF : Nous avons perdu contre Troyes et Evian car nous avons été trop gourmands, mais nous avons aussi gagné contre d’autres prétendants comme Reims ou Amiens. Sur certains matches, le manque de fraîcheur et de lucidité nous a coûté quelques points mais d’autres rencontres nous ont été favorables. Au final, les situations s’équilibrent. Nous méritons nos résultats et notre place au classement.
USCL : L’absence du buteur maison, Mathieu Duhamel, a coïncidé avec la période de moins bien de l’équipe. L’USCL est-elle trop dépendante de ses performances ?
LF : Mathieu est un joueur de talent. Il n’avait pas marqué beaucoup en matches amicaux mais il a eu l’intelligence de ne pas douter, c’est très important pour un buteur. Tout le monde l’a mis dans les bonnes conditions et depuis il ne lui faut pas beaucoup d’occasions pour marquer. Mais il est là pour ça et il n’y a pas que lui ! Nous avons d’autres joueurs intéressants qui font aussi une très bonne saison. Lorsqu’il n’a pas été là, tous les joueurs se sont serré les coudes et les autres attaquants ont montré qu’on pouvait compter sur eux comme à Hyères où nous avons marqué quatre buts.
USCL : Pensez-vous votre effectif capable de faire encore mieux ?
LF : Sur le plan comptable, je ne pense pas qu’on puisse faire beaucoup mieux. En revanche, nos joueurs peuvent encore progresser. Ils ont des qualités mais il leur manque la rigueur et la concentration qui viennent avec l’expérience. Les buts bêtes que nous avons encaissés à cause d’absences sont des erreurs qui se corrigent avec le travail. Il ne faut pas oublier que notre effectif est composé de sept à huit nouveaux joueurs. Parmi eux, certains jouaient en réserve l’année dernière, d’autres sortent de la formation. Il y a un cap à franchir de la formation à la compétition. Il faut les éduquer à ces nouvelles exigences.
USCL : Puisque vous évoquez votre rôle d’entraîneur, comment définiriez-vous la « patte » Fournier ?
LF : La vérité appartient avant tout aux joueurs et à ce qu’ils font sur le terrain. Chaque jour, Rui, Jean-Michel, Raynald et moi essayons de les guider, de leur transmettre ce que le haut niveau nous a appris. Après, c’est à eux de prendre ce qui peut leur servir. J’ai tendance à croire qu’ils sont à l’écoute depuis le début de saison même s’ils ont encore du mal à se mettre dans la peau d’un candidat à la montée. On ne se lâche pas encore complètement : on pourrait tuer plus de matches.
USCL : Comment voyez-vous la deuxième partie de saison ? Malgré son statut d’outsider l’USCL peut-elle accéder à la Ligue 2 ?
LF : Avoir la montée comme objectif est une bonne chose, mais il ne faut pas jouer la saison comme un coup de poker. Les joueurs qui débutent aujourd’hui seront peut être les valeurs sûres de la saison prochaine. Il faut une continuité d’une saison sur l’autre car c’est ce qui permettra à l’équipe de monter et surtout de rester au niveau supérieur.
Photo AFR José Lopes